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Une femme d'affaires pose à l'extérieur d'un grand bâtiment en pierre.
La profession

Gestion financière dans le secteur public : Une CPA fait l’histoire

Carlene Alexander, qui a été contrôleuse générale de l’Ontario, était la première personne à occuper ce nouveau poste. Elle est aujourd’hui sous-ministre.

Une femme d'affaires pose à l'extérieur d'un grand bâtiment en pierreCarlene Alexander, CPA, aide l’Ontario à gérer les risques et la refonte des finances publiques. (Photo Vanessa Heins)

Après 23 ans dans la fonction publique – aux finances et au commerce –, Carlene Alexander, CPA, était loin de se douter qu’elle allait occuper un poste qui n’existait pas un an auparavant.

L’an dernier, le gouvernement de l’Ontario a établi le Bureau du contrôleur général. Objectif : protéger l’argent des contribuables. 

C’est en octobre 2020 que Carlene Alexander est nommée contrôleuse générale de l’Ontario. Elle reçoit du même coup le titre de sous-ministre, une première à l’échelon provincial au pays. 

Son mandat? Bonifier les pratiques de gestion des risques, identifier les risques et conseiller les ministères ainsi que les organismes publics pour consolider l’administration des fonds. 

Prévision et gestion des risques opérationnels, optimisation de la surveillance interne des pratiques de gestion financière : une nouvelle orientation voit le jour dans la comptabilité du secteur public. Les autres provinces pourraient bien emboîter le pas. « Je suis très chanceuse de pouvoir ainsi contribuer à la refonte de la fonction publique ontarienne. Le Bureau pourra laisser une trace durable sur le modus operandi de l’État. »

« Il n’y a pas de moment plus critique pour assumer ce rôle », affirme Bailey Church, responsable du groupe national des services-conseils en comptabilité dans le secteur public chez KPMG. Bailey Church a présidé récemment le groupe de travail de CPA Canada chargé d’élaborer une norme comptable sur les partenariats public-privé. « Si l’on considère l’incidence des finances du secteur public à la sortie de la pandémie et au début d’une très longue et lente reprise économique, les exigences touchant la gestion financière seront sans précédent. »

Pour preuve, le niveau d’endettement et de dépense de l’Ontario, du jamais vu.

« À bien des égards, c’est pire qu’après la Grande Dépression. »

Carlene Alexander a grandi dans un quartier défavorisé du Nord d’Halifax. Pourtant, elle n’a jamais laissé les circonstances lui dicter son avenir. 

Dans sa famille, on a un sens aigu de la communauté. Son père, Carl Gannon, a fondé le Black Invitational Basketball Tournament à Halifax, et son oncle, Lou Gannon, préside l’African Nova Scotian Music Association. Carlene Alexander rêvait de laisser sa marque, d’occuper dans la fonction publique canadienne un rôle de premier plan. Elle a tout mis en œuvre pour y parvenir. Elle étudie d’abord le commerce à l’Université Dalhousie, puis obtient un MBA de l’Université Laurentienne et commence sa carrière à RBC, pour la poursuivre dans un petit cabinet comptable de Vancouver. 

« Mon MBA et mon titre de CPA me confèrent un large éventail d’habiletés et de compétences garantes de ma réussite. »

Carlene Alexander passe ensuite deux ans à Halifax, comme vérificatrice à l’Agence du revenu du Canada, et cinq ans à Ottawa, comme analyste principale au Secrétariat du Conseil du Trésor. En 2003, alors qu’elle occupe encore ce poste, elle reçoit le titre de CPA. À peine deux ans plus tard, elle est nommée directrice de la planification et de l’information financières à Environnement Canada. Elle déménage à Toronto durant l’été 2007 et continue de gravir les échelons. 

À Développement des ressources humaines Canada, au ministère des Finances et au ministère des Affaires autochtones, Carlene Alexander occupe divers postes de direction. Elle est nommée directrice financière de Housing York, dans la région de York, en Ontario. 

En mars 2016, elle devient surintendante des services d’affaires et chef des finances du Toronto District SchoolBoard. En août de l’année suivante, elle est promue directrice adjointe, activités et excellence du service. Elle applique son expertise au processus budgétaire, aux services, à la planification des immobilisations et aux portefeuilles du conseil scolaire. 

Par la suite, en juin 2020, Carlene Alexander est nommée directrice de l’éducation intérimaire du conseil : elle élabore des plans de retour à l’école en septembre pour une cohorte d’élèves. Puis, en octobre, persuadée que ses connaissances, ses compétences et son expérience l’ont préparée à ces fonctions, elle accepte le poste de contrôleuse générale.

« Mon MBA et mon titre de CPA me confèrent un large éventail d’habiletés et de compétences garantes de ma réussite. Il ne s’agit pas uniquement d’avoir le sens des affaires et de la finance. La réflexion stratégique, un processus décisionnel efficace, du leadership sont autant de maillons essentiels pour réussir comme cadre, peu importe les responsabilités. »

Selon une étude récente de KPMG sur l’impact de la COVID-19 sur les États, c’est grâce à de l’information financière hors pair et à un rôle de conseiller stratégique que les titulaires de postes aux finances publiques seraient le mieux à même de démontrer leur valeur.

La fonction finance, peut-on lire dans le rapport, a une occasion unique de guider l’administration publique à travers la pandémie de COVID-19 et dans la reprise économique.

L’épuisement des réserves en raison de la pandémie a accéléré la modernisation des finances du secteur public, même si cette transformation était déjà amorcée au Canada et à l’étranger grâce à l’innovation.

Une femme d'affaires se tient devant un pilier sculpté dans la pierreCarlene Alexander aura une influence importante sur le climat politique, une comptabilité transparente étant essentielle pour établir la confiance. (Photo Vanessa Heins)

« Avant la pandémie, les États savaient déjà que leurs dépenses allaient augmenter et qu’ils devaient trouver de nouvelles sources de capitaux », explique Bailey Church, qui compte près de 20 ans d’expérience en gestion et information financières, comptabilité et audit dans le secteur public. « Nous avons assisté à un engagement accru du secteur privé et des partenariats public-privé. Nombre d’États ont adopté des lois sur l’équilibre budgétaire ou des restrictions sur la dette ou le déficit ayant un impact réel sur les objectifs d’information. »

Pour Colin Lynch, directeur général et chef des placements immobiliers mondiaux à Gestion de placements TD, le poste de contrôleur général est essentiel pour responsabiliser les membres de l’administration publique tout en veillant à ce que les contribuables en aient pour leur argent.

« Compte tenu de l’ampleur de la fonction publique, il y a beaucoup de dépenses dans une multitude de domaines », dit-il, en faisant référence aux nombreux conseils d’administration d’hôpitaux et d’universités auxquels il a siégé. « J’ai pu constater de visu l’importance du financement provincial; il y a des réseaux entiers d’organismes qui sont financés ainsi. La fonction d’audit interne permet de s’assurer que l’argent est dépensé judicieusement. »

Le Bureau du contrôleur général est formé de trois divisions placées sous la gouverne de Carlene Alexander.

Parmi elles, le Bureau de la gestion globale des risques a à sa tête Ingrid Robinson, CPA, directrice générale de la gestion des risques. Toutes les divisions du Bureau sont d’ailleurs dirigées par des CPA. 

Ingrid Robinson, diplômée de la John F. Kennedy School of Government de Harvard, supervise le processus de gestion globale des risques et fournit des conseils stratégiques sur l’implantation de pratiques, d’outils et de méthodes modernes.

À la Division de la vérification interne, Beili Wong, FCPA, directrice générale, est chargée de dépoussiérer et de façonner (en mettant l’accent sur la transparence) un service de vérification interne indépendant à l’échelle de la fonction publique ontarienne. Auparavant, elle a été vice-présidente en matière de vérification et de risques à la LCBO.

Enfin, la Division du contrôleur provincial assure la surveillance stratégique de l’information financière et la direction des biens provinciaux. Elle joue un rôle de gouvernance garant d’une gestion prudente de l’argent des contribuables et de la protection des biens. Cette division dresse les états financiers de la province et étudie diverses questions avec le vérificateur général. Ce dernier, contrairement à Carlene Alexander, assume la vérification interne des dépenses publiques.

Maureen Buckley, CPA, contrôleuse provinciale, dirige la division. Après avoir occupé plusieurs postes de direction dans la fonction publique ontarienne, elle tient les comptes publics de l’Ontario et prépare le rapport annuel de même que les états financiers consolidés de la province. Le bureau de Maureen Buckley fournit également des conseils en comptabilité et en gestion financière à l’administration publique, et veille à la mise en place de systèmes financiers, de politiques de contrôle et de pratiques efficaces.

Naviguer dans l’incertitude au milieu d’une pandémie, tracer une voie nouvelle… le programme de Carlene Alexander, et de son équipe, est chargé. 

« Selon l’orientation politique que prendra l’Ontario, souligne Bailey Church, les priorités publiques définiront les attributions du Bureau du contrôleur général. »

Les prochaines élections provinciales devant avoir lieu au plus tard le 2 juin 2022, cette orientation politique reste incertaine. Entre-temps, dans un environnement financier instable et peu enclin à l’austérité, Bailey Church prévoit que Carlene Alexander aura à gérer de multiples priorités concurrentes.

« Comment réaliser de grands projets d’infrastructure qui soutiendront la reprise postpandémie dans un contexte de contraintes budgétaires? À partir de quel moment les autorités provinciales vont-elles sabrer les programmes et les services pour limiter le déficit? »

Colin Lynch se pose aussi des questions : comment savoir si l’argent public est dépensé efficacement? Comment mesurer cette efficacité? 

Il prévoit que Carlene Alexander aura une influence importante sur le climat politique, une comptabilité transparente étant essentielle pour établir la confiance.

« Pour les pouvoirs publics, ajoute Colin Lynch, les difficultés à résoudre sont plus grandes aujourd’hui qu’il y a 20 ans. La pandémie de COVID-19 a entraîné l’expansion du rôle de l’État. La discrimination, le racisme, le vieillissement de la population (qui met le système de santé sous tension), la santé mentale, la crise des opioïdes sont autant de problèmes majeurs. Parallèlement, la reddition de comptes est de plus en plus exigée. Le citoyen ordinaire a les autorités à l’œil. » 

Malgré tout, Carlene Alexander se sent à la hauteur de la situation. 

« Certes, ouvrir la voie peut sembler une tâche gigantesque. Mais j’ai toujours cru que la croissance et l’évolution continuelles étaient primordiales, même s’il faut sortir des sentiers battus et en assumer l’inconfort. »

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